Paysages des aérogénérateurs

Note de synthèse présentée au cours de l'AG de l'association le 15 mars 2006 par Pascal Aubry, et rédigée à partir des rapports d’activité 2004 et des avis formulés par les membres de la commission "éoliennes et paysages".

Dans le but de réaliser un texte susceptible d'être discuté lors de l'assemblée générale des P.C.E. du 30 Mars 2006, sur le thème "Paysages des aérogénérateurs", Pascal Aubry s'est livré à l'exploitation des rapports d'activités 2004 des P.C.E. ainsi qu'à celle des "observations et recommandations" (avis…) formulées en 2005, de certains des P.C.E. membres de la commission "éoliennes & paysages".

L'examen de ces textes fait apparaître un certain nombre de thèmes. Suivant ceux-ci, les remarques, analyses, recommandations et positions des PCE sur l'installation d'aérogénérateurs sur le territoire français ont pu être rassemblées et classés. Les points de vue sont parfois très différents, mais la notion de « projet de nouveaux paysages avec éoliennes » rassemble les opinions…

Le terme d'aérogénérateur, moins « flatteur » que celui d'éolienne, a été choisi pour affirmer le caractère problématique de l'implantation d'éoliennes sur le territoire. En 2004, 41 départements ont été concernés par des projets éoliens. Face à la forte volonté des opérateur privés de vendre, de produire de l'énergie et de gagner de l'argent et à celle des collectivités locales de bénéficier de nouvelles ressources fiscales grâce à la taxe professionnelle, le cadre réglementaire n'était que peu exigeant en matière de prise en compte des paysages. Depuis, la loi du 13 juillet 2005 fixant les orientations de la politique énergétique a donné à l'Etat et aux 6/18 collectivités locales la possibilité d'agir plus fortement en faveur du paysage.

Pascal Aubry rend compte d'une analyse des différents schémas de développement éolien effectuée pour le compte de Ministère de l'Ecologie par une géographe dans le cadre d'un mémoire de DEA. Ce travail montre les limites de ces plans notamment quand ils établissent des zones de sensibilité paysagère ou « emblématiques » d'où sont exclues les éoliennes. Cette manière de procéder revient à dessiner des cartes d'implantation par défaut. La définition de ces zones pose des problèmes de subjectivité et de critères d'évaluation. En conclusion, cette étude propose de faire entrer les projets éoliens dans le cadre des études des documents de planification comme les plans de paysages.

Dans cette optique, les zones de développement éolien (ZDE) qui, selon la loi « sont définies en fonction de leur potentiel éolien, des possibilités de raccordement aux réseaux électriques et de la nécessaire protection des paysages et des monuments historiques, sites remarquables et protégés » pourraient devenir de véritables plans de paysages éolien dans lesquels la notion de projet serait incluse.

Les unités intercommunales de 5 à 10 communes ou encore les « pays » semblent être le bon échelon de territoire pour les projets d'implantation d'éoliennes, pour la concertation entre les opérateurs, les maîtres d'oeuvre et les collectivités locales et pour préserver les paysages du « mitage éolien ».

Les paysagistes conseils doivent donc convaincre leurs partenaires (collectivités locales, Ministères…) de la nécessité de ces plans de paysage éolien et trouver éventuellement des idées pour les financer. L'Union Européenne pourrait participer à ce financement dans le cadre d'une politique de l'énergie.

  • Dominique Le Fur (Alpes-Maritimes) note qu'il est difficile pour certaines communes d'admettre l'implantation d'éoliennes dans la mesure où l'énergie produite n'est pas utilisée localement. Catherine Espiasse (Lot) insiste sur le fait que les projets éoliens doivent être réalisés en liaison avec les Paysagistes. Elle note cependant que la complexité des rapports de force (élus qui souvent détiennent le foncier, Maîtres d'ouvrage, représentants de l'Etat) rend leur travail souvent difficile. Thibault De Metz (Aisne) insiste sur le fait que les ressources fiscales que représentent les parcs éoliens pour les petites communes sont un élément essentiel du débat. Les maires trouvent là des ressources inespérées pour financer leur développement.
  • Fabienne Roquier-Chavannes (Ministère de la Culture, Bureau création architecturale, paysage et cadre de vie) indique que son Ministère a participé à la rédaction de la directive sur les ZDE et est sensibilisé au problème. Elle note cependant qu'il existe des intérêts divergents au sein de l'Etat sur le sujet. Entre la Culture et l'Industrie, le langage n'est pas 7/18 toujours le même. Elle insiste sur le rôle essentiel joué par les Maires qu'il serait utile de sensibiliser par le biais notamment de l'Association des maires de France (AMF).
  • Jean-François Seguin (Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable, Bureau des Paysages) précise que les ZDE (Zones de développement éolien) sont d'abord des documents fiscaux et non des documents de planification. Il serait en effet intéressant d'intégrer les ZDE dans les plans de paysage qui accompagnent la planification du territoire.