Le vent de la polemique souffle sur le developpement des eoliennes en france

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LE VENT DE LA POLEMIQUE SOUFFLE SUR LE DEVELOPPEMENT DES EOLIENNES EN FRANCE
Extrait du Moniteur en ligne - 16 avril 2008

Technologie écologique bienfaitrice aux retombées économiques positives ou nouvel eldorado aux conséquences esthétiques fâcheuses? L'éolien déclenche les passions.

Pour ses partisans comme Jean-Yves Grandidier, porte-parole de France énergie éolienne, du Syndicat des énergies renouvelables (SER) : "l'éolien se substitue à d'autres sources d'énergie émettrices de gaz à effet de serre" (GES), responsables du dérèglement climatique, comme le charbon, le pétrole ou le gaz" (...) "Il va aider la France à atteindre ses objectifs de réduire de 20% ses émissions de GES et porter sa part d'énergies renouvelables à 23% de sa consommation d'énergie d'ici 2020", a-t-il plaidé lors d'un débat contradictoire organisé par l'association des Journalistes-écrivains pour la nature et l'écologie.

Pour les associations de défense des paysages en revanche - qui déplorent au passage d'avoir "été exclues du Grenelle de l'environnement"- "l'éolien c'est une affaire d'argent".

"Les trois quart des maires veulent des éoliennes pour récupérer la taxe professionnelle", s'est insurgé Robert Werner, administrateur de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France. Et si chaque décision d'installation d'éolienne est précédée d'une enquête publique préalable comme l'a rappelé Cédric de Saint Jouan, vice-président de France énergie éolienne, ces enquêtes sont "opaques", selon Robert Werner. "Il faudrait des référendums populaires", a renchéri Jean-Louis Butré, président de la Fédération environnement durable. "On est dans un système où l'argent peut tout corrompre", a-t-il dénoncé, estimant que "le lobby de l'éolien est dix fois plus fort que Monsanto" (leader de la production de maïs transgénique).

Le SER fait valoir le poids économique de la filière: "l'éolien c'est 5.000 emplois directs actuellement et 60.000 d'ici 2020, 2 milliards d'euros aujourd'hui et 13 milliards d'activités générées en 2020", selon Jean-Yves Grandidier.

Si la carte des projets d'éoliennes évite l'Aquitaine et la Côte d'Azur, c'est parce que "les régions riches sont protégées. Les propriétaires des grands vins de Bordeaux ne veulent pas d'éoliennes chez eux", assure Jean-Louis Butré. Pour le porte-parole de France énergie éolienne, c'est tout simplement parce que "ce sont des régions où il n'y a pas de vent".

Quoi qu'il en soit, le Grenelle de l'environnement vise l'installation de 8.000 éoliennes en France d'ici 2020 contre environ 2.000 actuellement. Les éoliennes devront être installées "prioritairement sur les friches industrielles, et loin des sites emblématiques", avait déclaré Nicolas Sarkozy dans son discours de conclusion du Grenelle le 25 octobre.

A cette échéance, l'éolien représenterait ainsi 10% de notre consommation électrique, selon le SER.

En réponse à cet article :
"CONTRE L'EOLIEN INDUSTRIEL" PAR JEAN LOUIS BUTRE , PRESIDENT DE LA FEDERATION ENVIRONNEMENT DURABLE
Extrait du Moniteur en ligne - 21 avril 2008

Je vous remercie d'avoir publié avec objectivité le point de vue des diverses personnes présentes mardi 15 avril lors du débat organisé sur les éoliennes par les Journalistes de l'environnement et auquel je participai.

Pour la Fédération Environnement Durable (FED), la situation éolienne est critique. Nous recevons actuellement des centaines de SOS de toutes les régions de France.
Nous collaborons avec toutes les associations du patrimoine et de protection des paysages et plusieurs groupes écologistes régionaux qui étaient favorables au début à l'éolien et qui maintenant nous aident.
Nous essayons d'alerter nos dirigeants concernant l'erreur du projet préconisé par le Grenelle de l'environnement (COMOP). Une loi de 25.000 mW éoliens pourrait être votée avant fin juin soit la construction d'environ environ 15.000 éoliennes sur la France pour faire quelques % d'électricité.
Si cette loi est adoptée, plus aucune barrière ne sera plus possible...

C'est une vaste "affaire d'argent" et non d'écologie. Toutes les chartes, les études, les promesses faites… les "Zones de Développement Eolien", pour protéger certaines parties du territoire de la France sont illusoires.
La FED défend une "vraie écologie" et elle se bat uniquement contre "l'éolien industriel" qui n'a plus rien à voir avec l'écologie et le sauvetage de la planète.
Elle est favorable aux énergies renouvelables intelligentes (principalement à l'échelle individuelle ou du petit collectif) et surtout aux économies d'énergie.

Les arguments de la FED contre l'éolien industriel sont basés sur l'analyse que cette filière ne répond pas aux critères du Développement Durable car il s'agit en France :

d'une imposture écologique : 15.000 éoliennes ne réduiraient théoriquement moins de 1% de nos gaz à effet de serre (voir article du journal Le Monde "Plus d'éoliennes pas moins de CO2"). En réalité, c'est pire car production d'électricité éolienne étant incontrôlable, ce sont les nouvelles centrales thermiques de construction qui compensent leur fonctionnement.
d'un un scandale financier national dépassant 30 milliards d'Euros pour produire quelques % d'électricité. C'est de l'argent public dilapidé pour le profit d'intérêts privés.
d'un système socialement inacceptable
d'une atteinte à l'environnement aux espaces naturels et aux paysages
d'une atteinte aux biens des personnes voisines de ces parcs éoliens

L'éolien industriel est opaque, propice à la corruption et aux inégalités. Il spolie des particuliers pour le compte d'intérêts privés douteux et il engendre des nuisances. Des investisseurs privés s'enrichissent avec ces "planches à billets".
Il suffit d'analyser les propos des acteurs du lobby éolien regroupés dans le syndicat des promoteurs (SER) pour comprendre l'étendue du désastre programmé. Au cours de la réunion du JNE, un de leurs représentants a répondu avec franchise à la question d'un journaliste :
"S'il n'y avait pas de subventions que ce passerait-t-il?"
Réponse: il n'y aurait pas d'éolien…

NB : " Plus d'éoliennes, pas moins de CO2" : Article du Monde du 15/02/2008