2010 - Montpellier
DÉVELOPPEMENT DURABLE ET NOUVELLES RURALITÉS, LES 3,4 ET 5 JUIN 2010
Le bureau, avec l’ensemble des membres de l’APCE, a choisi d’organiser le séminaire de l’Association de paysagistes conseils de l’Etat en Languedoc Roussillon sur le thème “Développement durable et nouvelles ruralités”.
La France du XIXe siècle était une France rurale. Le XXe siècle a vu l’émergence d’une France urbaine. La campagne aujourd’hui est vécue, par les ruraux comme par les urbains, d’une nouvelle façon. La sémantique est significative, les termes “campagne” ou “ruralité” sont passés de mode, au profit des “espaces naturels” des “espaces de loisirs” des “parcs naturels régionaux”. On parle de nature “émergente” en ville, de “rurbains” à la campagne…
Souvenir de ce passé peut-être, la péri-urbanisation trouve une de ses principales racines dans le désir “d’habiter à la campagne”. En fait pour l’essentiel, il s’agit, comme le disait très justement une publicité immobilière, d’habiter un paysage de campagne. Beaucoup d’analyses ont été faites à ce propos, sans remettre en cause ou même enrayer le phénomène. Habiter la ville dense reste le choix de minorités, quelle qu’en soit la praticité et la fonctionnalité qui sont par ailleurs reconnues. Pour que cette notion de consommation abusive de l’espace par l’urbanisation ne demeure pas un rêve technocratique, il est nécessaire d’entamer une juste réflexion sur cette forte demande sociale. Montpellier et son ScoT qui fut souvent cité comme exemplaire quant à sa démarche de développement durable méritait le déplacement. En effet, cette agglomération qui a connu et qui connaît encore un fort accroissement de population a tenté de gérer au mieux une urbanisation périphérique de maisons individuelles en pleine expansion.
Cette demande s’accompagne de façon assez contradictoire d’un changement d’attitude dû aux préoccupations de développement durable. Cette demande s’accompagne de façon assez contradictoire d’un changement d’attitude dû aux préoccupations de développement durable. Les terres agricoles ne sont plus des réserves d’urbanisation mais sont de plus en plus protégées au nom de la préservation des ressources, relançant la notion d’agriculture urbaine.
La journée du 3 juin 2010 s’est déroulée sur le thème de la périurbanisation et la recherche d’une “idée de campagne périphérique” mettant en exergue l’impossible équilibre entre paysage naturel, paysage rural et paysage urbanisé, à travers l’exemple Montpelliérain. Le Languedoc-Roussillon est associé à l’agglomération de Montpellier, mais c’est aussi, en grande partie, une région rurale et “naturelle” vantée pour ses paysages. Dans sa mise en œuvre de la Convention européenne du paysage, la France dispose aujourd’hui d’une législation complète qui “reconnaît juridiquement le paysage en tant que composante essentielle du cadre de vie des populations, expression de la diversité de leur patrimoine commun culturel et naturel et fondement de leur identité”. L’objectif général de la politique des paysages est en conséquence de “préserver durablement la diversité des paysages français”. Les enjeux sont aussi économiques. Le paysage est donc le patrimoine commun de la Nation au double sens de patrimoine physique et culturel et de bien commun à tous. L’exemple du Causse du Larzac dans le parc naturel régional des Grands Causses, faisant partie du périmètre de demande de classement au patrimoine mondial nous a semblé pertinent. C’est un paysage façonné par l’agropastoralisme à fort pouvoir d’évocation culturelle et sociale. Aujourd’hui, des forces apparemment contradictoires sont à l’œuvre avec, d’une part, la reconnaissance par la nation comme patrimoine paysager dans le cadre du dossier d’inscription au patrimoine mondial au titre des paysages culturels des Causses et des Cévennes et, d’autre part, des volontés non moins légitimes de développement économique local sur fond de mutation du secteur agricole avec le développement de zones d’activités comme la zone d’activités économiques du Conseil Général à La Cavalerie, le projet de golf, les projets éoliens, les besoins en constructions neuves…
La journée du 4 juin 2010 s’est déroulée dans la partie aveyronnaise du Causse, sur le territoire du parc régional des Grands Causses. Nos interlocuteurs : la DIREN Midi Pyrénées, le PNR Grands Causses, la sous-direction de la qualité du cadre de vie en charge du dossier Patrimoine mondial, le Conseil Général, le CAUE nous ont rejoint sur le terrain, chez des agriculteurs /éleveurs / table d’hôtes bio, qui continuent d’exploiter leur terres dans un souci du respect de leur environnement et de leurs paysages… Un débat informel sur place a été proposé sur les thèmes de l’agriculture bio comme mode de maintien d’une certaine forme de paysage, Catherine Bergeal nous a ensuite exposé les concepts liés aux “Paysages patrimoniaux, patrimoine paysager, paysages culturels” en exposant le travail réalisé sur le sujet par le Bureau des paysages.
Les paysagistes conseils de l’Etat, par leur positionnement en DREAL et en DDT, sont témoins de la transformation des espaces ruraux et des nouvelles tendances de l’utilisation de l’espace agricole et naturel. A ce titre, ils se doivent, entre autres, de réfléchir à la question des paysages ruraux et de tout mettre en œuvre pour étayer et confirmer leur action au sein des services de l’Etat.
La matinée du 5 juin 2010 a été consacrée aux groupes de travail sur les thèmes
suivants :
- Trame verte et bleue
- Energies renouvelables et paysage
- Publication pour les 15 ans de l’APCE : pistes de réflexion et choix des thèmes.
Une large participation des conseils a permis d’avancer sur ces trois thèmes qui feront l’objet de “communiqués” internes et d’une publication prévue d’ici l’année prochaine.
J’aimerais remercier toutes les bonnes volontés qui se sont manifestées pour faire de ces trois jours une parenthèse privilégiée de réflexion commune sur des sujets de fond, proche du terrain. Après le séminaire “Paris”, centré sur le sens de nos missions avec un regard européen, il nous a semblé opportun de faire un point plus “terre à terre” en se déplaçant sur des sites parfois ingrats, parfois majestueux, mais toujours avec des interlocuteurs de qualité comme Alfred Peter, paysagiste et Nicolas Roubieux, Fabien Hance, Jean-Pierre Moure, de l’agglomération de Montpellier, Didier Aussibal et Fabien Daunas, du PNR du Grand Causse. Enfin, un grand merci à Daniel Laroche qui a beaucoup œuvré à l’organisation de ce séminaire, et nous faire découvrir son “pays”.
Les PCE en séminaire devant le viaduc et la ville de Millau en juin 2010
Lien vers Annexe 8 : Plan de référence du PNR des Grands Causses
